W4 rencontre Alaa Murabit, Fondatrice de The Voice of Libyan Women, qui nous parle de son travail de plaidoyer pour la défense les droits des femmes en Libye.
W4–Vous vous décrivez comme « une militante accidentelle ». Médecin de profession, qu’est-ce qui vous a incité à fonder The Voice of Libyan Women (VLW) et à militer pour les droits des femmes ?
Alaa Murabit–La naissance de « The Voice of Libyan Women » (La Voix des femmes libyennes) est le résultat direct de mes activités pendant la Révolution du 17 février 2011. Dans le but d’assurer le succès de la Révolution, de nombreuses femmes ont joué des rôles nouveaux et pris des décisions comme jamais auparavant. En outre, la plupart des hommes n’ont pas contesté ce changement, en partie en raison de leur absence dans certaines villes (y compris la mienne), mais surtout parce que les hommes et le grand public ont considéré cette initiative féminine comme bénéfique pour la Révolution et le pays. Les femmes ont gagné en indépendance et en confiance, ont beaucoup appris sur leurs droits et leurs responsabilités, et nous voulions nous assurer que ces changements positifs ne perdraient pas leur élan.
Cependant, dans les premiers mois qui ont suivi la libération, le mouvement des femmes a continué à se concentrer fortement sur le travail humanitaire. Notre travail, particulièrement notre conférence « One Voice » en 2011 et la Charte des Femmes Libyennes, a ensuite initié un tournant au sein du mouvement des femmes. L’urgence du travail humanitaire a finalement laissé place à une action durable basée sur l’autonomisation des femmes à tous les niveaux.
W4–Vous dites qu’il faut être prudents lorsqu’on se réfère aux « Printemps arabes ». Pouvez-vous préciser pourquoi ?
A. M.–L’utilisation générique du terme « Printemps arabe » est à la fois à réductrice et contreproductive. Il n’est pas réaliste de regrouper les pays ou même une région de cette façon. Nos attentes en termes de transformations politiques doivent se fonder sur le contexte social unique de chaque pays, ses succès et ses échecs spécifiques.
W4–En effet, comme l’a dit le journaliste du New York Times Souad Mekhennet, le terme « Printemps arabe » est impropre car il implique une issue très optimiste et positive. Or, nous anticipons peut-être trop rapidement des droits que la population n’a pas encore acquis.
A. M.–Exactement. La militante bahreïni Maryam Al- Khawaja l’a bien exprimé lorsqu’elle a dit qu’il ne s’agissait certainement pas d’un « Printemps arabe » à Bahreïn mais plutôt d’ un « Hiver arabe ». Beaucoup de militants syriens et égyptiens ont dit la même chose. En Libye, par exemple, nous avons enduré de longs mois de lutte pour évincer Kadhafi mais, de toute évidence, cela ne suffit pas ; beaucoup de changements restent à faire. Ainsi, évoquer un « Printemps arabe » semble sous-estimer l’état actuellement difficile des affaires et minimiser les grands progrès qu’il reste à accomplir.
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