Pour les femmes atteintes d’handicap ou souffrant de maladies chroniques, se rendre sur un lieu de travail est loin d’être une évidence. Une femme atteinte d’insuffisance respiratoire peut être bloquée à la maison car elle a besoin de se déplacer avec sa bouteille d’oxygène. Une femme allergique au pollen peut se voir contrainte de rester à la maison pendant un à deux mois. Il existe une multitude de situations empêchant les femmes de se rendre sur un lieu de travail, d’emprunter les transports publics ou tout simplement de supporter les conditions environnementales.
Pourtant, nombre d’entre elles possèdent les compétences requises pour prétendre à un emploi. Les difficultés rencontrées par les femmes souffrant d’un handicap ou de maladies chroniques pour obtenir un travail sont bien réelles. En temps de crise, synonyme de précarité sur le marché du travail, ces femmes font face à des obstacles d’autant plus grands. La mise en place de dispositifs de télétravail représente une alternative vitale pour elles.
Le télétravail pour favoriser l’insertion professionnelle
Afin de remédier au manque d’emploi pour les personnes handicapées ou souffrant de maladies chroniques, l’association Ex@sso, crééé en 2011, s’est donnée pour objectif de répondre à cette forte demande de télétravail. La mission principale de cette structure est de mettre en relation ces demandeurs d’emploi qui ne peuvent pas se rendre régulièrement sur leur lieu de travail et les entreprises qui acceptent de mettre en place un dispositif de télétravail – c’est-à-dire « une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information, dans le cadre d’un contrat ou d’une relation d’emploi, dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière.»
Pour ces femmes qui ont besoin de travailler à distance, la France, malheureusement, accuse un certain retard dans le domaine. Le télétravail reste un mode de travail très peu développé par rapport à d’autres pays au système économique comparable. Rédigé en novembre 2009 par le Centre d’Analyse Stratégiques, le rapport intitulé « développement du télétravail dans la société numérique de demain » montre que des pays comme les Pays Bas, l’Allemagne ou la Suède comptent entre 15 et 20% de télétravailleurs. En France, ils représentent seulement 7% des employés.
D’après Tiago Douwens Prats, chargé de développement chez Ex@sso France, ce chiffre s’explique notamment par le fait que les entreprises françaises ne développent pas assez d’actions favorisant l’intégration des personnes handicapées. Selon lui, c’est véritablement la culture managériale française qui reste attachée au présentéisme au bureau, et non des critères d’ordre économique.
En effet, bien que le télétravail nécessite un coût d’installation (matériel et frais d’accès à Internet par exemple), ces dépenses sont vite compensées. Et in fine, ce mode de travail permet même à l’employeur et à l’employé de réaliser des économies. À titre d’exemple, l’employeur n’a pas de frais d’achat ou de location de bureau et l’employé économise quant à lui les frais de transport et de déjeuner.
Une « CVthèque » pour aider les femmes à retrouver un emploi
Sur son site internet, l’association a créé une CVthèque permettant d’avoir accès aux profils des demandeurs d’emploi en télétravail. Environ 80% de ces CV en lignes appartiennent à des femmes. Les profils sont très variés, on y trouve des femmes qui ont un bac +5, voire plus, et sont dans l’obligation de se reconvertir afin de trouver un emploi compatible avec leur maladie ou leur handicap. Parmi ces emplois, on compte des postes de secrétaire médicale ou juridique à distance, d’écrivain public, de consultant ou de traducteur. Voici le précieux témoignage d’une femme qui a fait appel à Ex@sso et qui travaille désormais à distance pour l’association:
« Lorsque je suis tombée sur le site internet de l’association Ex@ssso France, je me suis dit que j’avais enfin réussi à trouver une entreprise qui était faite pour moi. Depuis des années j’étais à la recherche d’un emploi depuis mon domicile, car avec mon handicap il n’est pas facile pour moi de me déplacer, de plus il me fallait des horaires adaptées, ce qui rendait les choses encore plus compliquées. Travailler en tant que télésecrétaire au sein de l’association a été pour moi une vraie opportunité. Cela m’a permis de retrouver une activité professionnelle, de me sentir utile… Travailler de chez soi ne veut pas dire qu’on est seul et isolé, en effet grâce à la visio nous sommes en contact permanent avec le reste de l’équipe, comme si nous étions tous dans le même bureau. Pour résumer, je trouve que l’association fait un travail formidable, elle donne une vraie chance aux personnes handicapées de retrouver une vie professionnelle. L’ambiance est très sympa et je n’hésiterai pas à retravailler avec eux ! »
Aujourd’hui, avec la généralisation de l’utilisation du numérique en entreprise (email, visioconférence, messagerie instantanée, espace de stockage et de travail collaboratif etc.), il est de plus en plus facile de mettre en place des formes de télétravail. Comme l’a précisé le chargé de développement d’Ex@sso, « le véritable lieu de travail d’un ingénieur en informatique c’est l’ordinateur, le même dont il dispose à domicile. Il est ainsi très aisé pour lui d’effectuer une bonne partie de ses missions en télétravail. »
Ex@sso cherche à faire connaître ce dispositif et à sensibiliser les managers et les directions des ressources humaines des entreprises. Pour cela, il est nécessaire de remettre en cause les préjugés sur le télétravail et principalement l’idée selon laquelle travail à distance est synonyme de solitude. Car pour les personnes handicapées, au contraire, le télétravail permet de sortir de l’isolement en renouant avec une activité professionnelle.
En somme, le travail à distance est porteur de nombreux avantages : il offre de véritables opportunités d’emplois à une population en marge du monde du travail et leur permet de rompre avec l’isolement.
Pour en savoir plus, visitez le site de exassofrance.net.
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