Un Enfant par la Main est une association de solidarité internationale qui propose de parrainer des enfants démunis et de réaliser des projets dans leurs communautés. Florence Provendier, sa directrice nous présente les actions d’Un Enfant par la Main à travers le monde et plus particulièremen
Florence Provendier, Directrice d’Un Enfant par la Main
Quelle est la mission d’ « Un Enfant par la Main » et comment se distingue t’elle de celle d’autres organisations humanitaires ?
Notre raison d’être est simple : nous oeuvrons pour permettre aux enfants démunis de devenir des adultes autonomes et responsables. Pour mener à bien sa mission, Un Enfant par la Main soutient et accompagne les enfants et leurs familles à travers le monde, afin qu’ils puissent accéder à leurs droits fondamentaux de manière pérenne.
Un Enfant par la Main intervient en priorité grâce au parrainage, qui permet un accompagnement dans la durée et la création de liens entre le parrain, l’enfant et son village. Un Enfant par la Main propose aussi d’autres types de soutiens sur des projets spécifiques sur ces mêmes territoires. Nous intervenons dans le cadre de programmes de développement mis en œuvre en partenariat avec les membres du réseau ChildFund Alliance. Le socle de notre organisation réside dans l’implication forte de toutes les parties prenantes, en passant par les villages concernés, les familles des enfants et les enfants eux-mêmes.
Ce qui nous distingue des autres organisations humanitaires ? Sans doute notre approche holistique et pragmatique, en fonction des besoins réels du terrain et des ressources disponibles. Nous sérions les priorités de façon adaptée à chaque village, territoire, en fonction des besoins des enfants tout en nous inscrivant dans la durée grâce au parrainage.
Votre association encourage le parrainage d’enfants plutôt qu’un simple don à l’organisation. Dans quelle mesure pensez-vous que cette relation avec le parrain / la marraine est importante pour l’enfant ?
Le parrainage est un mode de solidarité qui a toujours été au cœur de l’action d’Un Enfant par la Main, car il permet d’accompagner dans la durée (en moyenne 10 à 12 ans), les enfants bénéficiaires et leur village. Un Enfant par la Main veille néanmoins à l’évolution des modes de solidarité afin de s’adapter si nécessaire.
Les enfants parrainés sont choisis parmi les enfants des familles les plus défavorisées mais tous les enfants bénéficient des services rendus possibles grâce aux parrainages et aux projets (par exemple : la construction d’une école, d’un centre de santé, le forage d’un puits, la formation de professeurs). Outre l’aspect financier, la relation entre le parrain et l’enfant permet une ouverture à d’autres formes de culture. Pour l’enfant, elle peut devenir un vrai levier dans ce qu’il va entreprendre, parce que justement un parrain lui fait confiance.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face dans votre travail ? Et comment avez-vous réussi à relever ces défis ?
On voudrait venir en aide à tous les enfants du monde. Mais il faut bien évidemment définir des priorités parmi les besoins qui sont innombrables : droit à l’identité, violence faite aux enfants, éducation, alphabétisation, accès aux soins, à l’eau…
Nous devons également optimiser nos ressources pour une efficacité maximale au profit du plus grand nombre d’enfants, que ce soit sur le terrain, comme en France. Il nous faut aussi atteindre une taille critique qui permette à Un Enfant par la Main de se faire mieux connaitre afin de favoriser le rayonnement de ses actions (enjeux et moyens).
En plus de soutenir les enfants, vous créez également de nouvelles initiatives de projets dans leurs villages. Pourriez-vous nous parler de ces projets ?
Les projets s’inscrivent dans la même stratégie d’intervention que pour les parrainages. C’est à travers le réseau ChildFund Alliance et ses partenaires locaux qu’Un Enfant Par La Main propose le parrainage d’enfants et la réalisation de projets. Avant toute décision d’intervention dans un pays, nos partenaires de terrain procèdent à une analyse de la situation politique, économique et sociale au niveau national et régional; ils identifient les causes de la pauvreté, évaluent le niveau d’éducation de la population, l’état des structures médicales, la présence d’autres acteurs locaux ou internationaux et les propres capacités des communautés villageoises à faire face à leur environnement. Si l’évaluation initiale se révèle positive, viennent ensuite le recrutement et le déploiement d’équipes locales spécialisées dans différents secteurs d’intervention : protection de l’enfance, santé, éducation, accès à l’eau, nutrition et activités génératrices de revenus.
Ces équipes terrain travaillent avec les communautés afin de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie des enfants et de leurs familles. Les villages et les familles sont impliqués dans la formulation des besoins et dans la définition des stratégies d’intervention et des plans d’actions. Cette étape est incontournable pour que les enfants et leurs familles deviennent les propres acteurs de leur avenir et que leurs droits fondamentaux soient garantis.
Par ailleurs, nous avons régulièrement des échanges avec nos interlocuteurs sur le terrain afin d’une part évaluer l’impact des actions et d’autre part identifier avec eux les problématiques à traiter en priorité. C’est typiquement ce qui s’est passé pour le projet pour combattre la violence faite aux femmes et aux jeunes filles dans lequel nous nous engageons aujourd’hui. Il y a trois ans nous avons été alertés par notre partenaire en Ethiopie et un des administrateurs d’Un Enfant par la Main, Frédéric Burdy, que de nombreuses jeunes filles ne venaient plus à l’école dès l’instant où elles étaient formées. De ce constat est né un premier projet : « Garantir l’hygiène intime des jeunes filles pour lutter contre leur déscolarisation ». Si la fabrication de serviettes périodiques, mais avant tout l’information de tous a permis à plus de 2000 jeunes filles de poursuivre leurs études, ce premier projet a mis en exergue les maux physiques et psychologiques engendrés par l’excision.
En tant que Directrice d’Un Enfant Par La Main, quels sont les obstacles à l’émancipation des filles que vous avez pu observer dans les différents pays dans lesquels vous intervenez, et quelles sont les solutions les plus efficaces qui ont été mises en place afin de protéger les droits fondamentaux des filles et leur permettre de s’émanciper ?
De façon générale, nous constatons trop souvent que les filles sont les premières victimes des discriminations, quels que soient les continents. Je ne voudrais pas stigmatiser sur telle ou telle situation, mais plutôt évoquer des solutions simples qui peuvent radicalement changer les perspectives d’avenir des filles.
Tout commence par le certificat de naissance : plus de 230 millions d’enfants de moins de 5 ans n’ont pas d’identité (source UNICEF). Ensuite dans beaucoup de pays, dès que les filles sont en âge d’aider à la maison pour les tâches quotidiennes et garder les plus petits, elles sont rapidement déscolarisées.
Pour éviter cela, il existe des solution simples : faciliter la pré scolarisation des enfants, mettre à disposition des vélos pour raccourcir les temps pour aller à l’école, aider les familles à trouver d’autres formes de revenus pour qu’elles ne soient pas tentées de garder les filles pour les travaux domestiques…
En partenariat avec W4, vous avez actuellement lancé une campagne de collecte de fonds pour l’un de vos programmes en Ethiopie visant à protéger les filles des Mutilations Génitales Féminines (MGF). Pouvez-vous nous parler du programme, du contexte local dans lequel vous travaillez et comment le programme impactera positivement les vies de jeunes filles, leurs familles et communautés ?
Ce projet porté par Un Enfant par la Main, est essentiel parce qu’il contribue à un combat qui peut changer la vie de milliers de femmes : 6000 filles sont excisées dans le monde chaque jour. Elles sont dès lors privées de leur dignité, de leur liberté. Protéger les jeunes filles de ces violences, c’est respecter leurs droits de femmes et empêcher qu’elles ne reproduisent ce qu’elles ont subi sur leur propre filles. Le fondement de ce projet est de faire de la prévention, de la sensibilisation en direction de 75 exciseuses, de 164 enseignants et d’environ 5000 filles et garçons de 5 écoles du district de Bassona Worana. Les villageois et les institutions locales sont également impliqués pour briser les tabous sur les violences sexistes, et les pratiques traditionnelles néfastes comme l’excision.
Comment peut-on soutenir votre travail ? Quel serait votre message pour encourager des personnes à donner à votre programme en Ethiopie ?
En faisant un don pour ce projet, vous participez à un mouvement pour l’égalité des sexes.
Vous offrez une chance à des jeunes filles de ne plus subir de telles souffrances et de devenir acteurs dans l’évolution des mentalités au sein de leurs communautés. Pour des filles libres et heureuses demain, dites non aux violences faites aux femmes aujourd’hui !
Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Si nous ne faisons rien, dans les 10 prochaines années c’est 30 millions de filles qui subiront ces violences et mutilations. Il n’est pas possible de continuer à ignorer ce phénomène, nous pouvons tous agir.
Soutenez le projet de lutte contre l’exicion en Ethiopie !